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Un tueur en quête d'absolution
En sommeil depuis 6 ans, la licence Hitman a décidé de se rappeler au bon souvenir des amateurs d’éliminations subtiles et d’infiltrations déguisées via un nouvel épisode intitulé Hitman Absolution, qui nous honore cette fois d’une sortie sur PS3, l’opus Blood Money ayant fait l’impasse sur le monolithe de Sony (pour le moment du moins puisqu’une compilation regroupant le jeu avec Hitman 2 : Silent Assassin et Hitman 3 : Contracts est prévue pour le début de l’année prochaine). On ne lui en tiendra toutefois pas trop rigueur (avec l’agent 47, on ne sait jamais…), en espérant que cette sortie sur consoles HD ne constituera pas une occasion pour les développeurs de IO Interactive de « casualiser » la licence. Qu’en est-il dans les faits ? Il est temps de ressortir la corde à piano…


Chauve qui peut

L'histoire laisse de la place aux personnages féminins
Assassiner Diana Burnwood, voilà une tâche dont l’agent 47 se serait bien passé. Celle qui a par le passé sauvé la vie de l’assassin à la cravate écarlate est maintenant dans la ligne de mire de l’Agence pour une sombre histoire de trahison. Tiraillé entre son allégeance vis-à-vis de son employeur et sa dette envers son ancien agent de liaison, 47 ne parviendra pas à faire preuve de son professionnalisme habituel et la mission (qui fait également office de tutorial) ne se déroulera pas tout à fait comme espérée. S’ensuivra alors un long chemin de croix pour notre héros, désormais en quête de rédemption et dont on suivra les péripéties tout au long des 20 missions qui constituent la campagne du jeu. Si elle ne fait pas franchement preuve d’originalité, l’histoire de Hitman Absolution est efficace et ponctue chaque mission à travers des cinématiques élégamment mises en scène. Ce soin apporté à la direction artistique du jeu se ressent également in-game, avec des effets de lumière réalistes et des environnements urbains très travaillés : chaque rue, chaque bâtisse, chaque cour reflète l’ambiance poisseuse dans laquelle évoluent les protagonistes de l’histoire, pour la plupart marginaux dans un univers sombre et violent.

La gestion de la foule est impressionnante
Pour porter une telle atmosphère, il fallait un moteur graphique à la hauteur, et sur ce plan le moteur maison Glacier 2 constitue l’une des très bonnes surprises du jeu. Chaque niveau fourmille de détails et de décors travaillés sans que cette complexité ne nuise au frame rate. Dans le même ordre d’idée, la gestion de la foule par le moteur est très impressionnante, en plus d’offrir des possibilités de gameplay intéressantes. Il faut voir l’agent 47 se mouvoir dans un Chinatown bondé en plein nouvel an chinois (effets pyrotechniques à la clé) pour réaliser le très bon travail fourni par les équipes de IO Interactive. Autre bon point, les animations des personnages sont très soignées, qu’il s’agisse de l’agent 47 en pleine exercice de son « art » ou des quidams vaquant à leur occupation et parfois plus occupés à se préparer à manger ou à faire la conversation avec leur voisin qu’à vous entendre trainer un corps dans leur dos. On touche d’ailleurs là à l’un des défauts du jeu, son IA, puisqu’il faudra composer avec des gardes parfois incapables de vous suivre dans un escalier ou de vous repérer alors que vous vous promenez armes à la main juste devant eux. Ce défaut n’est pas suffisamment prononcé pour ruiner le gameplay du titre (heureusement) mais il convient de le souligner. Plus gênants sont les différents bugs rencontrés dans le titre, qu’il s’agisse du mixage sonore des dialogues parfois hasardeux pendant les cinématiques, avec des conversations inaudibles voire absentes, de problèmes de collision avec certains éléments du décor et obligeant à redémarrer la mission en cours, ou du plantage pur et simple de la console pendant les écrans de chargement — un problème qui a été rencontré à deux reprises pendant notre test.

Silent Kill

Certains niveaux sont plus réussis que les autres, le club en fait partie
Le gameplay de Hitman a connu quelques évolutions depuis les épisodes précédents mais reste fidèle aux fondamentaux de la série. S’il n’est plus possible de choisir son équipement au début de chaque mission (les armes et objets devront être récupérés sur le terrain), le tueur professionnel a en revanche gagné quelques précieuses compétences, comme l’Instinct, une capacité permettant à notre assassin de détecter la présence des ennemis à travers les murs ainsi que leur déplacement à venir (symbolisé par un marquage au sol), de repérer les interactions possibles avec le monde extérieur comme les interrupteurs ou les cachettes et enfin d’activer le mode de tir rapide permettant de dégommer en un clin d’œil plusieurs ennemis. Limité en usage, l’Instinct est une belle trouvaille qui facilite la lisibilité des situations pour ceux qui se prêteront au jeu de l’infiltration. Les autres joueurs pourront également se focaliser sur le combat au corps à corps, qui repose sur les inénarrables QTE, voire en cas de détresse sur les gunfights, même si cette façon de jouer s’avérera très peu gratifiante pad en main, les ennemis prenant souvent l’avantage s’ils parviennent à se regrouper. La campagne solo pousse le joueur à tester ces différentes approches via un découpage de chaque mission en séquences de jeu, chaque séquence étant associée à un objectif bien précis. Toutes les phases du jeu ne sont donc pas dédiées à l’exécution des contrats, puisque l’on trouvera également des passages dédiées à l’infiltration (qui ont généralement pour objectif d’atteindre la cible) ou la fuite après une exécution, généralement plus mouvementée et plus musclée.

On a déjà fait plus discret dans le genre
Dans la pratique on se retrouve parfois à enchaîner d’interminables parties de cache-cache dont l’intérêt ludique frise le néant (je lance une bouteille à gauche pour attirer les ennemis, et je file par la droite ni vu ni connu) avant d’aborder le plat de résistance du jeu, ce qui nous amène à jouer à un Hitman, c’est-à-dire les assassinats, ces moments où la proie devient enfin chasseur et l’ennemi le gibier (de potence). Repérage de la cible, reconnaissance du terrain, détection des ennemis et de leur déplacement, et enfin exécution du contrat (et de la victime par la même occasion) : ces séquences sont le véritable cœur du jeu et offre une rejouabilité importante puisque chaque victime sera susceptible de passer l’arme à gauche de multiples manières. Mais éliminer la cible ne sera pas suffisant pour valider la mission puisqu’il faudra également trouver le moyen de quitter les lieux sans se faire repérer, ce qui peut tenir de la gageure lorsque vous avez été surpris par des témoins ou lorsque le contrat a été réalisé de manière peu discrète (au hasard, une explosion), entrainant un déploiement immédiat dans la zone de forces ennemis en alerte maximale. Il sera alors temps pour l’agent 47 de faire parler les armes, à moins que vous ne choisissiez d’opter pour un déguisement, l’une des marques de fabriques de la série et toujours disponible dans Hitman Absolution. A chaque problème ses multiples solutions, et sans doute aura-t-on l’occasion de rapidement voir fleurir sur Internet les méthodes les plus originales et/ou les plus efficaces pour éliminer une cible.

Métro, boulot, corde à piano

47 vs hélicopter
Et des cadavres, l’agent 47 va en laisser derrière lui tout au long des 20 missions (pour autant d’heures de jeu) qui composent le titre. Une durée de vie très honnête (même si comme on l’a vu, celle-ci se fait au prix de séquences plus ou moins intéressantes), renforcée par une rejouabilité importante, un même contrat pouvant être rempli via différentes approches. A cela s’ajoute un système de scoring permettant d’étaler nos performances d’assassins en ligne et une tripotée de défis qui une fois complétés permettront de débloquer de nouveaux items (armes, déguisements) et de nouvelles capacités pour l’agent 47 (meilleur précision, Instinct se régénérant plus vite...). Le jeu offre également cinq niveaux de difficulté, allant de Facile à Puriste. Les gamers tatoués trouveront dans ce dernier mode un défi à la hauteur de leur masochisme, puisqu’en difficulté Puriste, les aides de jeu et checkpoints seront désactivés, sans même parler du niveau plus relevé des ennemis. Autant dire qu’il faudra une solide connaissance du jeu (et une once de chance) pour en venir à bout.

le mode Contrats vous permettra d'être créatif
Pour ceux qui auront fait le tour de la campagne principale, le mode Contrats leur permettra de créer et de partager des missions en ligne. Petite originalité, la création d’une mission se fait tout simplement... en la jouant. Après avoir choisi une map de la campagne principale, le joueur doit effectuer la mission en sélectionnant la cible puis en exécutant le contrat de la manière dont il le souhaite. Le temps mis pour remplir la mission, la discrétion avec laquelle celle-ci a été rempli, les armes et déguisements utilisés, tous ces paramètres seront pris en compte et constitueront les critères de réussite ou d’échec de la mission pour les autres joueurs. En cas de succès une prime sera versée, celle-ci étant calculée en fonction des objectifs remplis. Le cumul des primes permettra de se constituer un petit pactole permettant de débloquer de nouvelles armes et de nouveaux déguisements. En découle donc un mode de jeu sympathique mais sans doute anecdotique pour les joueurs qui ne souhaiteront pas s’investir au-delà de l’aventure principale. Pour les autres en revanche, ce mode constituera un bon moyen de tester de nouvelles approches de jeu et de prolonger la campagne. A noter que IO Interactive propose régulièrement de nouveaux contrats pour ce mode multi-joueurs, afin de défier les joueurs en quête du meilleur score.

Conclusion

Il se sera fait attendre, mais il n’aura pas manqué son retour : l’agent 47 rempli honnêtement son contrat, avec un titre certes inégal dans sa construction et imparfait dans sa réalisation, mais dont la belle direction artistique et le gameplay actualisé sans trop de concession assure le spectacle. Si l’on ajoute à cela une durée de vie conséquente, renforcée par un mode multi-joueurs pas forcément attendu dans ce type de jeu, le titre a des atouts indéniables. Dommage que l’IA perfectible, l’intérêt parfois discutable de certaines missions et surtout la présence de bugs gênants viennent noircir le tableau. Hitman Absolution pourrait malgré tout emporter l’adhésion des amateurs du genre, qu’ils soient fan de la première heure ou novices. Peut-être pas un indispensable de Noël, mais pour les fans de l’agent doué pour laisser ses ennemis sur le carreau, un coup de cœur.


par Mighty_Max Commenter
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